L’été est de retour et pour de bon cette fois. On sort le barbecue, les tongs et les boissons plus rafraîchissantes que goûteuses. Faites donc place au petit nouveau de cette saison, j’ai nommé le rouge sucette !
Ce certainement délicieux breuvage, que je n’ai pas encore eu le plaisir de goûter, est l’oeuvre de Haussmann Famille. On peut déjà imaginer le brainstorming incroyable qui a eu lieu dans les bureaux de la société pour résoudre la formule suivante : si les jeunes sont à l’heure actuelle plus attirés par les sodas et alcools forts, comment faire pour toucher à nouveau cette clientèle ? Et là une voix qui se lève au fond de la salle, salvatrice et entourée d’un halo de lumière, « Faisons un vin aromatisé au cola ». Après tout si ça marche chez les autres…
La voilà l’idée du siècle, l’éclair de génie, le duo qui fera chavirer vos papilles, le rouge qui tache s’offre une cure de rajeunissement. Il n’était qu’un produit bas de gamme bénéficiant quand même de l’aura du patrimoine français ? Enlevons-lui le peu de légitimité qui lui reste, toute trace d’histoire et de travail difficile dans les vignes, et faisons-en un pur produit marketing pour séduire les plus jeunes qui, au fond, s’en fichent royalement. On mettra de côté les ambitions totalement anti-loi Evin pour ne retenir que la composition du liquide : 75% de vin, 25% d’eau et d’arômes. Comment un tel mélange pourrait donner envie aux débutants d’en découvrir plus sur l’univers du vin ? Je pense dire sans me tromper que si j’avais commencé par ce cocktail je serais aujourd’hui noyée dans un bain de Soho ou une piscine de Ruinart Blanc de Blanc avec des fraises (oui oui ça existe, c’est fréquent et c’est péché).
Haussman Famille réduit en miette la fameuse règle du « il n’y a que des bonnes choses » car oui le vin rouge et le cola sont deux boissons exquises bues séparément (pas de lendemain de soirée digne de ce nom sans coca) mais réunies elles ne représentent qu’un calimucho, nectar dont nous avons cessé de prononcer le nom après notre passage en terminale. Difficile de prendre la marque au sérieux quand elle nous annonce Eurythmics alors qu’on s’attend à retrouver Peter et Sloane, ou au mieux une pâle copie de Tragédie. Car oui en musique comme en alcool certains mélanges ne devraient jamais voir le jour. Ainsi un pinard qui se laisse désacraliser par des arômes artificiels nous rappelle que certains mondes ne devraient jamais se côtoyer, Tina Turner n’aurait jamais dû chanter avec Eros Ramazotti, Elton John se marre encore d’avoir fait croire au monde entier que Blue allait durer et la reine Aretha Franklin s’en voudra sûrement encore longtemps d’avoir autoriséle gueux George Michael à l’accompagner le temps d’un morceau.

Mais surtout disons stop au syndrome Sean Paul ! Cette pathologie qui consiste à ne se produire qu’en duo et qui gangrène les rayons vin de nos supermarchés : rosé pamplemousse, fraise ou gingembre, blanc châtaigne ou pêche, rouge grenadine…Maladie degenerescente du trouble de Gainsbourg, elle mise tout sur la quantité au détriment de la qualité et consiste en une déclinaison de produits phares jusqu’à écoeurement total du consommateur. En somme, est-ce qu’on irait pas un peu trop loin là les amis ?
Verdict : Goûtons ! On est pas à l’abri d’une bonne surprise…
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